Plus de 1300 hectares d’étendue d’eau, plusieurs dizaines de km de rivages dentelés qui semblent inscrits depuis toujours dans ce paysage… et pourtant, Sumène Artense est aménagé depuis les années 1920 pour répondre aux besoins énergétiques. La destination est parsemée de barrages et de conduites d’eau forcées qui permettent de dériver l’eau jusqu'aux différentes usines hydroélectriques du bassin de la Dordogne.
Un peu d’histoire Depuis toujours Sumène Artense bénéficie de cours d'eau abondants, ils sont très vite adossés à de petites dynamos donnant naissance à de véritables usines hydroélectriques. Elles permettaient localement d’alimenter l’industrie de la Tannerie de Bort-les-Orgues, les différents villages alentours mais aussi les scieries comme en témoignent les aménagements de Cornillou à Trémouille. Les cours d'eau commencent à être exploités au niveau industriel en mars 1921 lorsque la compagnie des chemins de fer de Paris-Orléans obtient la concession pour exploiter la Haute-Dordogne. Ne sachant pas encore construire de grands ouvrages, la compagnie fait alors construire le barrage des Essart et de Journiac sur la rivière Rhue. Ces deux ouvrages sont adossés d’une conduite forcée permettant d’acheminer l’eau jusqu’à l’usine de Coindre, construite en 1925. L’électricité produite était envoyée aux lignes de chemin de fer pour remplacer petit à petit la vapeur. |
1935 La barrage de Marèges Marèges est le premier des grands ouvrages à avoir été édifié sur la Dordogne. Lors de sa construction, le complexe hydroélectrique doit permettre à la fois d'électrifier les lignes de chemin de fer et d’alimenter l’industrie parisienne. Au sortir de la première guerre mondiale, l’hydroélectricité est l’énergie d’avenir, des lignes à haute tension sont construites entre Marèges et la capitale, c’est le début de l’industrie hydroélectrique de la vallée de la Dordogne. Mis en eau en 1935, l’ouvrage est surnommé le barrage de l‘innovation, plusieurs nouveautés feront date dans la construction des autres grands barrages dans le monde. La voûte du barrage de Marèges, imaginée par l’ingénieur mondialement renommé André Coyne, est spectaculaire. Il s’agit d’un ouvrage en forme d’arc qui reporte la poussée de l’eau du réservoir sur les flancs de la vallée, ceci permet de concevoir des voûtes plus fines et donc d’économiser du béton. Marèges est le premier barrage double voûte d'Europe ! La second innovation spectaculaire est la construction d’un évacuateur de crue en forme de saut à ski, c'est le premier ouvrage au monde à être équipé de ce type d’évacuation de crue qui laisse échapper jusqu’à 700 m3 d’eau par seconde permettant d'évacuer rapidement le trop-plein d’eau et de réduire l’impact de l’eau en aval. |
1952 Le barrage de Bort-les-Orgues Le barrage de Bort-les-Orgues est le premier de la chaîne d’aménagement de la Dordogne, sa construction a duré 10 ans, de 1942 à 1952. Il a été édifié dans le but de développer l'accès à l’électricité non plus seulement pour les industries mais également pour les foyers privés aux besoins grandissants d'après guerre. Le barrage est de type «poids-voûte» : il combine une forme voûtée et un volume de béton important, qui permet d’asseoir solidement le barrage sur ses fondations. La combinaison de ces deux techniques permet le stockage d’un grand volume d’eau : 500 millions de m3 d’eau. La retenue de Bort-les-Orgues est la quatrième plus grande retenue de France. Le barrage de Bort-les-Orgues est une pièce maîtresse dans le système électrique français : il produit chaque année l’équivalent de la consommation en électricité d’une ville de 128 000 habitants telle que Limoges. |
1970 Le plateau de l’Artense Le plateau de l'Artense est à son tour aménagé, dans les années 1970. De nombreuses rivières comme La Tarentaine, l’Eau Verte, le Tact, le Taurons, le Gabacut sont adossées de barrages qui permettent de dériver l’eau jusqu’au lac principal, Lastioulles. Véritable batterie, la retenue de 125 hectares alimente l’usine d’Auzerrette dans les gorges de la Rhue. Le lac et l’usine sont reliés entre eux par une conduite d’eau forcée accusant une chute de 280 m et adossée d’une cheminée d’équilibrage de 72 m de haut permettant d’éviter les coups de bélier dans les conduites. Le système hydroélectrique du plateau de l’Artense est l’un des plus performant de France, une goutte d’eau est turbinée 3 fois, une première dans l’usine d’Auzerrette en aval du lac de Lastioulles, l’eau est ensuite acheminée via une conduite souterraine de 13 km jusqu'à l'usine de la Rhue en amont du lac de Bort-les-Orgues puis elle est de nouveau turbinée dans l'usine de Bort-les-Orgues pour être ensuite relâchée dans la vallée de la Dordogne et passer entre les mains de 28 autres usines. |
L'hydroélectricité de la vallée de la Dordogne Aujourd'hui le rôle de l'hydroélectricité est d’apporter un complément énergétique lors des pics de consommation. C’est une énergie facile d'accès et renouvelable. Lorsque la demande est forte, l'hydroélectricité peut représenter jusqu'à 25% de la production française. 58 barrages et 28 usines jalonnent la Dordogne et ses principaux affluents, depuis le Puy-de-Dôme, et à travers la Corrèze, le Cantal, le Lot, et la Dordogne. Sumène Artense est le point de départ de cette vallée. |